Note : Cet article est la suite (et fin) d'un article publié en décembre 2018. Pour le lire, cliquez ici. Dans la première partie de cet article, j'avais osé me mettre à nu et révéler une partie un peu plus sombre de mes pensées. Ces pensées dont nous ne sommes jamais fier, et qui pourtant, envahissent notre esprit : lorsque nous jugeons les autres, avec ou sans scrupule ! L'enjeu ici est - non pas de ne plus juger qui que ce soit, parce que cela est impossible - mais, tout au moins, de suspendre son jugement. * De le transformer en quelque chose de positif. Mission possible ? Je vous propose de vous en faire votre propre opinion, après lecture de cet article ! Est-il possible de ne plus juger ? Non, cela est impossible. Tout simplement parce que nous avons tous et toutes des idées et opinions sur tout, et le jugement, ce n'est rien de moins qu'un choc frontal avec un fait qui va à l'opposé de nos opinions ou de nos valeurs. Cela dit, même s'il est impossible de ne plus juger, il est possible de s'affranchir de ces jugements systématiques, de les suspendre en vol. Comment faire ? Je dirais que la premiière étape serait déjà de reconnaître que nous reprochons aux autres ce que nous nous accordons de faire parfois. Par exemple : je juge sévèrement la personne qui demande à passer devant les autres, à la caisse, parce qu'elle n'a qu'un article ("Franchement, elle pourrait attendre comme tout le monde !"). Cela dit, si je suis honnête, je reconnais qu'il m'arrive aussi de le faire. La différence, c'est que en ce qui me concerne, je vais rapidement trouver une raison d'agir ainsi : Je suis pressée, je reprends le travail dans vingt minutes, j'ai donc toute légitimité pour faire cette demande ! C'est amusant, n'est-ce pas ? Comme nous pouvons être particulièrement exigeant vis-à-vis des autres, mais trouver des circonstances atténuantes (somme toute réelles !) à notre propre comportement. Et pourquoi l'autre n'aurait-il pas AUSSI des circonstances exceptionnelles qui expliqueraient son comportement ? Nous y reviendrons. En attendant, la première étape, ce serait d'accepter que finalement, ce que juge négativement chez les autres et de façon catégorique, il m'arrive de le faire aussi. Ensuite, voici quelques pistes qui nous aideront à suspendre notre jugement, pour le transformer en quelque chose de positif. 1. Remarquer que nous sommes en train de juger Quand on a fait ça, on a fait la plus grosse partie du chemin. C'est prendre du recul, voir la situation de l'extérieur (vous savez, prendre notre poste d'observateur) et réaliser : "Ah tiens, là, je suis en train de porter un jugement." Lorsque l'on arrive à observer cela chez soi, on peut pousser le cran un chouia plus loin et dissocier, dans notre esprit, ce qui est le fait réel de l'histoire que je me raconte à son sujet. C'est-à-dire pouvoir séparer la simple observation factuelle, et le jugement qu'on a formulé spontanément. Par exemple : "Tiens, elle a arrêté l'allaitement de son enfant à la reprise du travail" : c'est un fait établi, un simple constat. Le jugement, c'est se dire : "Quelle mauvaise mère ! Pauvre bébé !" Ou bien au contraire : "Il était temps qu'elle arrête, franchement !" 2. Replacer la situation dans un contexte Dans la majorité des cas, nous jugeons sévèrement le geste de quelqu'un HORS CONTEXTE : Nous prenons son geste et le jugeons à l'état brut, alors que toute action est à replacer dans son contexte. Ainsi, je peux diminuer l'impact de mon jugement en me questionnant sur les circonstances qui ont pu amener la personne à agir comme elle l'a fait. Si je reprends l'exemple de mon premier article, où je jugeais sévèrement une mère braquée sur son téléphone, tandis que son fils se chamaille avec un autre enfant, je peux suspendre mon jugement et me demander : "Tiens, qu'est-ce qui peut amener cette maman à rester sur son téléphone au lieu de s'occuper de son fils ? Est-elle épuisée, auquel cas elle a besoin de cette pause ? Ou bien fait-elle le choix volontaire de laisser son enfant gérer lui-même cette situation ? Ou bien ...?" Replacer la situation dans un contexte (ici, imaginé) m'aide à comprendre ce qui a pu amener cette personne à agir ainsi. Cela fait baisser mon agressivité intérieure et rend ma relation à l'autre plus fluide, et non plus sur la défensive. 3. Faire appel à mon empathie Enfin, la troisième étape (et la plus puissante selon moi), c'est de réveiller mon empathie pour cette personne, et de m'autoriser à ressentir de la compassion pour cette personne. Si j'éprouve de l'empathie, alors je ne peux pas, en même temps, juger la personne. C'est un schéma que notre cerveau ne peut pas reproduire ! Ainsi, lorsque je me surprends à juger, je peux aussi tout simplement me mettre à la place de la personne concernée et ressentir de l'empathie pour cette personne. Pour reprendre (une dernière fois !) mon exemple du square, je peux par exemple me dire : "Oh je me souviens moi aussi de l'autre jour où j'ai eu besoin de me plonger dans mon téléphone, sans quoi je me serais énervée contre cet enfant, tant j'étais fatiguée et irritée. J'ai de la peine pour cette maman, ces moments ne sont vraiment pas simples à gérer !" L'empathie est puissante pour nous relier à l'autre. Là où le jugement nous éloigne et monte un mur entre la personne et moi, l'empathie, au contraire, nous rassemble et nous fait nous sentir égaux face à la situation. Car oui, nous sommes tous pareils : nous avons tous et toutes nos moments de faiblesse, et nous avons tous et toutes besoin dans ces moments-là, non pas d'un jugement irrévocable, mais du regard compréhensif et de l'acceptation inconditionnelle de l'autre. PS : Ne tombez pas dans le piège de vous juger durement, lorsque vous vous surprendrez à juger quelqu'un 😉 Le jugement est humain et normal. Cela ne fait pas de vous une mauvaise personne. Tout le monde juge tout le monde tout le temps, et c'est OK ! Par contre, on se sent beaucoup mieux quand on prend note de ses jugements et qu'on les transforme en quelque chose de positif, qui nous relie à l'autre ! Bonne quête de vous-même dans cette aventure 😊 * Cet article a été inspiré par l'excellent podcast de Clotilde Dusoulier, "Suspendre son jugement", que vous pouvez écouter sur Itunes ou sur son site changemavie.com
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